Le café se boit en jurant

Titre original : Il caffé si beve bestemmiando
Titre anglais : Coffee Has to Be Drunk Swearing Hot
Documentaire
    Réalisé par Luigi Brandi • Écrit par Luigi Brandi
    France, Italie • 2016 • 26 minutes • Couleur
Résumé

Certains villages de Calabre sont considérés comme les endroits les plus pauvres d’Europe. Ils accueillent néanmoins de nouveaux arrivants que sont les migrants venus d’Afrique ou du Moyen-Orient. C’est la rencontre entre les anciens et les nouveaux habitants, qui se retrouvent souvent autour d’un café pour évoquer la situation de leur village et chercher des solutions. Parmi cette population laissée à l’abandon, Le café se boit en jurant s’attache à deux enfants, Gift et Miracolo. Leurs jeux construisent avec originalité le monde âpre dans lequel ils sont projetés.

"Aux limites du monde européen" : nous sommes en Calabre, à Caulonia, village si pauvre que tous ses habitants l’ont déserté, avant que des migrants venus d’Afrique ne les réinvestissent. C’est à ce repeuplement que Luigi Brandi s’intéresse, mais à sa façon oblique et flâneuse. Deux enfants noirs, Gift et Miracolo, réinsufflent du jeu dans ce paysage abandonné. Tout commence par une énigme, posée à d’autres enfants : savent-ils ce qu’est l’omertà ? C’est quand "il y a une pensée plus forte qui fait qu’on ne parle pas…" La suite vient tenter, via un dispositif ludique entre documentaire et fiction, de briser le non-dit qui entoure l’altérité des arrivants. Jeu de carte des anciens, jeu théâtral de la troupe qui, entassée dans une Fiat 500, interprète une pastorale dans la rue et sur la plage… Il ne s’agit pas d’échapper à une situation dramatique aux confins de l’Europe, mais de puiser dans le jeu la force de se réapproprier ce territoire dévitalisé. L’écrivain Gianni Rodari flotte en esprit dans les arômes du Café : "L’imagination de l’enfant, stimulée pour inventer des mots", écrivait-il dans Grammaire de l’imagination en 1973, "appliquera ses instruments à tous les domaines de l’expérience qui provoqueront son invention créative. Les contes servent à la mathématique comme la mathématique sert aux contes. Ils servent à la poésie, à la musique, à l’utopie, à l’engagement politique ; bref, à l’homme tout entier, et pas seulement au rêveur."
(Charlotte Garson - Cinéma du réel)

“At the confines of the European world”: we are in Calabria, in Caulonia, a village so poor that its residents abandoned it, before African migrants settled down there. This resettlement is what interests Luigi Brandi, but in his typically oblique and strolling style. Two black children, Gift and Miracolo, inject a new playfulness into this deserted landscape. It all begins with a riddle asked to other children: do they know what omertà is? It is when “there’s a stronger thought that means you don’t talk”… Through a light-hearted dispositif midway between documentary and fiction, what follows is an attempt to break what remains unsaid about the otherness of the new arrivals. The elders’ card game, the pastoral play performed in the streets and on the beach by a theatre troupe, piled into a Fiat 500… This does not imply avoiding a dramatic situation at the confines of Europe, but drawing on play to find the strength to re-appropriate this devitalised territory. The spirit of writer Gianni Rodari floats in the Coffee’s aroma: “A child’s imagination, stimulated to invent words,” as he wrote in his Grammar of Fantasy in 1973, “will apply its tools to all areas of experience that arouse his creative inventiveness. Stories are useful to mathematics just as mathematics is useful to stories. They serve poetry, music, utopia, political engagement; in sum, the whole person and not simply the dreamer.”
(Charlotte Garson - Cinéma du réel)

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