Salóme

Ce film se déploie comme une tentative de compréhension, ou plutôt d'appréhension entre mère et fille. La réalisatrice décide de filmer sa mère dans l'intimité de son atelier d'artiste, elle est peintre et confectionne des tapisseries. On comprend au cours d'une conversation que celle-ci est malade, et qu'elle a repris sa pratique artistique après avoir élevé ses 6 enfants. Le dispositif de la réalisatrice est assez intéressante dans l'approche de sa mère : la filmer quasi-uniquement dans son travail d'artiste, alors qu'elle même est en plein acte de création de son film. Mais la réalisatrice n'arrivera pas à avoir cette conversation sur l'art et la vie avec sa mère comme elle aurait aimé l'avoir. Dans son obstination de faire parler sa mère, elle se retrouve confrontée à l'obstination même de la mère, convaincue de l'inutilité du projet de sa fille, de son indépendance vis-à-vis de sa fille (elle n'a pas à entrer dans son intimité), et ainsi se borne à ne pas coopérer et à saboter le projet filmique. Le spectateur accède au caractère insupportable de cette relation de haine amoureuse entre la mère et la fille grâce à des silences, des regards, des échanges de mots subtilement évocateurs. (AM