Nuit blessée

Titre original : Noche Herida
Titre anglais : Wounded Night
Documentaire
    Réalisé par Nicolás Rincón Gille • Écrit par Nicolás Rincón Gille
    Colombie, Belgique • 2015 • 86 minutes • HD • Couleur
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

"Âme de paix et de guerre, âme de mer et de terre, que tout ce qui est absent ou perdu me soit rendu ou m’apparaisse…" Cette prière murmurée ouvre le troisième volet de La Campagne racontée, trilogie de Nicolás Rincón Gille sur la tradition orale colombienne confrontée à la violence. Blanca, qui a fui sa campagne en famille sous les coups des paramilitaires, s’occupe de trois de ses petits-fils dans une bicoque des abords de Bogota.
Selon la tradition catholique des "âmes bénies", elle prie pour ses morts en échange de leur aide aux vivants. Ce n’est pas cette croyance qui intéresse le cinéaste mais l’armature symbolique qu’elle procure à cette femme "déplacée" qui depuis tient toutes les places, la mort de sa fille l’ayant transformée en mère majuscule.
Toujours placée en des points de passage ingénieux, la caméra souvent fixe et en position basse confère à son quotidien sa pleine mesure, sans misérabilisme ni hiératisme. Craignant à raison de voir ses petits-fils partager le destin du plus grand nombre (délinquance ou recrutement par un groupe violent), Blanca s’impose dans leurs moindres activités.
Quand elle écoute de la bouche de Camilo une rédaction où il relate les violences qu’a subies sa famille, on se demande dans quelle mesure elle ne lui a pas dicté le récit. De quoi l’enfant se souvient-il ? Et quelles images encore vivaces trompent Blanca sur la nature des pétards entendus un soir de fête ? À quelle "nuit blessée" renvoie ce siège imaginaire ? (Charlotte Garson, Cinéma du réel)

"Spirit of peace and war, spirit of sea and land, may everything absent or lost be given back or appear to me…" This murmured prayer opens the third part of Nicolás Rincón Gille’s trilogy, Campo hablado, about a Colombian oral tradition traversed by violence. Blanca, who fled her village with her family on account of the ill-treatment by the paramilitary, looks after three of her grandsons in a shack on the outskirts of Bogota.
In the Catholic tradition of "holy souls", she prays for her dead so that they will help the living in return. What interests the filmmaker is not this belief per se but rather the symbolic armour it secures for the "displaced" woman, who now occupies all the roles - with her daughter’s death, she has become the hyper-mother.
Always astutely positioned in passageways, the often fixed and low-level camera highlights Blanca’s everyday life without pity or hieratism. Rightly fearing that her grandsons will share the fate of most youngsters (delinquency or recruitment into a violent gang), Blanca intervenes in their every activity.
When she listens to Camilo reading an essay in which he recounts the violence his family has suffered, we wonder whether or not she had a hand in its writing. What does the child remember? What still vivid images cause Blanca to misinterpret the noise of firecrackers at an evening festival? What “wounded night” does this imaginary siege recall for her? (Charlotte Garson, Cinéma du réel 2015)

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