L'Art du siège au château de Carrouges

Le château de Carrouges en Normandie, resté dans la même famille pendant quatre siècles, possède un très riche mobilier ancien, dont 150 sièges que l'État, nouveau propriétaire, a restauré entre 1993 et 2000. Les animations in situ destinées au public, liées à cette campagne de restauration, servent de base au film. La parole est donnée aux artisans en action, illustrée par l'insert de gravures encyclopédiques et autres images pédagogiques.
Pour un siège à restaurer, c'est tout d'abord l'ossature de bois qu'il faut consolider. Le menuisier décheville et démonte donc l'objet. Les dommages se situent souvent à l'endroit des semences, ces petits clous de tapissier qui creusent la matière, où s'engouffrent aussi les vers avides. On ne touche pas les façades, visibles, mais on remplace les parties détériorées par du bois neuf qui disparaîtra sous les sangles entrecroisées. Le tapissier restaurateur, selon une méthode du XVIIIe siècle, emprisonne ensuite du crin épais dans de la toile forte pour former le bourrelet de l'assise ; celle-ci pourra à nouveau durer deux cents ans ! Puis, c'est au tour de la brodeuse d'entrer en action pour certains tissus de recouvrage : des motifs aux couleurs vives, d'origine, copiées sur la nature. D'autres étoffes sont tissées ou imprimées dans le style de l'époque du siège et leur choix doit s'harmoniser avec les tentures murales, les papiers-peints et le mobilier de chaque pièce.
(Laurence Wavrin)