Enfants de Beyrouth

"Comment pourrais-je aujourd'hui définir mon rapport aux lieux et aux choses, dans une ville qui m'impose sans cesse la perdition ? J’interroge mon père Nader, un ancien fonctionnaire d’État, sur son travail pendant la reconstruction de Beyrouth après guerre, et sur son rapport complexe à la mémoire. Mais, pour reconstruire, il faut détruire, paraît-il. La reconstruction, mal menée, s’est petit à petit transformée en un acharnement de projets immobiliers qui sont venus effacer strate après strate les traces qui le relient à sa ville, et moi à la mienne. Dalieh, un territoire unique sur la côte de la ville, où je me baladais souvent va disparaître. Un grand projet immobilier est prévu. J’accompagne ses habitants, des pêcheurs, avec ma caméra, jusqu’à leur expulsion. C’est le dernier lieu public où les habitants de Beyrouth rencontrent la mer. Il est encore temps de regarder Dalieh, c’est ce qui reste de notre ville."