Les Traversées aventureuses

Les traversées aventureuses explorent deux siècles d'une épopée entre Corse et continent à travers sa tumultueuse histoire maritime. Ce regard décalé permet de relire deux siècles d'une histoire corse et française. Il fait le pari que l'amarrage de l'île à la Nation s'est aussi joué dans l'organisation du transport en mer. Les traversées entre la Corse et le continent ont d'abord cette couleur surannée des films amateurs en super 8, avec leurs tressautements, leurs mouvements intempestifs et les sourires radieux imprimés sur pellicule. Ils racontent les vacances en Corse, quand le tourisme devait sauver une île exsangue, vidée de ses habitants... Mais l'histoire commence au XIXe siècle, sous le second Empire qui décide de "franciser" l'île en subventionnant les transports, alors assurés par des compagnies privées. Cette manne d'État va faire la fortune d'armateurs, notamment de la famille Valéry, du Cap corse, dont le souvenir a été effacé par le temps. Deux siècles plus tard, avec la création d'une compagnie publique en 1976, l'Etat ira plus loin encore. Il jette un pont symbolique entre la France et la Corse. Comment ne pas voir alors dans la disparition de la SNCM en 2015 un fléchissement de la volonté assumée de la France d'arrimer l'île à la Nation par les bateaux ?
Ces deux cent ans d'histoires maritimes sont racontés à travers les histoires folles de lignées d'armateurs visionnaires sans foi ni loi, d'aventuriers de la mer partis faire fortune en quittant leur île. Ils sont jalonnés par d'inévitables naufrages dont les récits sont couchés dans des lettres poignantes ou des collections d'ex-votos. Les anecdotes contemporaines des Corses du continent, portées par des archives familiales inédites en super 8, voisinent avec des plaques de verre du XIXe siècle d'une grande beauté.