Les Moissons du désespoir
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Réalisé par Luhovy Novytsky • Écrit par Peter Blow, Luhovy Novytsky
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Canada • 1985 • 54 minutes • Couleur et Noir & Blanc
- Réalisation :
Luhovy Novytsky - Écriture :
Luhovy Novytsky, Peter Blow - Montage :
Yurij Luhovy
- Production (structure) :
Slavko Nowytski - Coproduction :
Yurij Luhovy - Participation :
Le Comité de recherche sur la famine en Ukraine - Ayant droit :
Slavko Nowytski
- N° ISAN :
non renseigné
Résumé
La grande famine de 1932–1933 : une tragédie meurtrière organisée sur ordre de Staline au cours de laquelle les paysans ukrainiens paieront le plus lourd tribut. Grâce à des témoignages et des archives rares, la contribution historique de ce documentaire est exceptionnelle…
"Harvest of Despair est, à notre connaissance et à ce jour, le seul documentaire consacré à la grande famine en URSS de 1932–1933. À ce titre, il est précieux. Cette famine provoquée, organisée et occultée, constitue l’un des faits répressifs de masse les plus meurtriers du XXe siècle. Le bilan est aussi terrible que vertigineux, les chiffres annoncés dans le documentaire ont été, depuis, confirmés par le travail des historiens : sept millions de morts dont quatre pour la seule Ukraine. Pour tout film consacré à l’histoire soviétique, l’année et le pays de production sont significatifs. Pour Harvest of Despair : Canada, 1985. C’est remarquable car les œuvres osant enfin porter un regard critique étayé et précis sur la période stalinienne datent du début des années 90, même si une fenêtre s’était ouverte à la fin des années 50. L’origine canadienne garantissait l’indépendance et l’impunité pour les auteurs. Cet aspect précurseur a permis à ces derniers de nourrir leur propos de témoignages exceptionnels : des rescapés ukrainiens aux récits bouleversants mais aussi des témoins russes activistes qui ont mis en œuvre la politique stalinienne, sans oublier des personnalités occidentales : Malcolm Muggeridge, un journaliste anglais qui est l’un des seuls à avoir contourné la censure ou encore Andor Hencke, consul allemand basé à Kiev pendant la Grande Famine. Aux témoignages accablants s’ajoutent des photos et des images d’archives aussi rares qu’impressionnantes.
Les auteurs ont légitimement concentré leur film sur le sort réservé aux paysans ukrainiens, cible délibérée de Staline. Ils retracent par étape l’engrenage répressif qui va broyer tout un peuple : une brève indépendance de l’Ukraine (1917–1919) avec le statut envié de région agricole prospère, une première famine au début des années vingt, des velléités d’autonomie vis à vis de Moscou (via la langue ukrainienne, le développement d’une intelligentsia) et le retour de bâton de Staline au moment du Grand Tournant avec une industrialisation et une collectivisation à marche forcée. L’agriculture doit financer le développement économique et militaire via de lourdes exportations de blé. Le pouvoir soviétique entre dans une logique de confiscation intégrale des terres, mais également des biens, des récoltes. Les koulaks (paysans considérés comme "aisés", souvent récalcitrants) sont déportés. Ceux qui restent sont confinés et affamés, empêchés d’accéder aux villes et aux rationnements. Les gens meurent dans la rue, les scènes de cannibalisme se multiplient. Staline refusera l’aide internationale, niant la tragédie via une propagande efficace relayée par des personnalités française (Édouard Herriot) ou britannique (George Bernard Shaw). En 1941, les nazis occupant l’Ukraine, auront beau jeu, comme en Pologne, d’exhumer les cadavres des victimes de la famine des nombreux charniers du pays.
(François Aymé)
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