Patrick Dewaere, drôle d'histoire

Mal-aimé ou à contretemps, lorsqu’il fut trop tard, Patrick Dewaere n’a sans doute pas eu la carrière qu’il méritait. Ce documentaire, qui n’est pas le premier à lui être consacré, survole un peu vite son histoire familiale tourmentée et ses débuts au théâtre, non sans céder par ailleurs à une certaine trivialité. Sont ici passées en revue les différentes étapes de sa courte carrière : l’engagement actif avec la troupe du Café de la Gare (Miou-Miou, Romain Bouteille, Coluche…), le succès retentissant des Valseuses (1974), de Bertrand Blier, La Meilleure Façon de marcher, de Claude Miller, Série noire, d’Alain Corneau… La dimension d’écorché vif, le goût forcené du travail et l’addiction à la drogue, la mise au placard par les journalistes à la suite d’un coup de poing malheureux, ses déceptions par rapport au cinéma, tout cela con­tribue à dessiner le portrait d’un homme tourmenté, volontiers "maso" (dixit Patrick Bouchitey), dont la violence intérieure pouvait être explosive sur certains tournages. Son suicide, en 1982, prophétisé si l’on veut dans pas mal de rôles ("comme s’il avait répété son destin", avance Rufus), a scellé la tragédie de cet acteur regretté.
(Jacques Morice)