Histoire(s) du cinéma, chapitre 2a : Seul le cinéma

Documentaire
    Réalisé par Jean-Luc Godard • Écrit par Jean-Luc Godard
    France, Suisse • 1997 • 26 minutes • Betacam SP • Couleur et Noir & Blanc
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

Pour Armand J. Cauliez et pour Santiago Alvarez.

Le réalisateur compare les différentes histoires de la littérature, de la peinture et du cinéma. Il tente de montrer la particularité du septième art et d'expliquer sa puissance.

"Seul le cinéma débute par l'entretien filmé que Godard avait eu avec Serge Daney en 1988, à l'époque de la diffusion des deux premiers épisodes. Godard amplifie la voix du critique, qui devient écho, comme venant de très loin dans nos mémoires, une manière de représenter le laps de temps qui s'est écoulé depuis les premières Histoire(s) jusqu'à l'épisode 2A. L'entretien, d'ailleurs publié dans Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard, éminemment fondateur dans l'histoire critique des Histoire(s) du cinéma à la fois par la présence de Daney et par son contenu, met en perspective historique cette entreprise. Il n'est pas anodin que Godard s'attaque à l'histoire du cinéma car, déjà du temps de la Nouvelle Vague, apparue au milieu du siècle comme le remarque Daney, il avait pris l'habitude de se situer en regard de l'histoire d'un demi-siècle de cinéma écoulé. Plusieurs portraits du cinéaste se succèdent pour illustrer une position, héritée de sa formation à la Cinémathèque Française : le cinéaste moderne est aussi un critique, qui a vu et analysé les films des autres cinéastes avant d'en réaliser.
Le titre Seul le cinéma est expliqué dès les premières images, par une comparaison entre les différentes histoires, celles du cinéma, de la littérature et de l'art. L'histoire du cinéma serait plus grande que les autres parce qu'elle se projette. "C'est Seul le cinéma qui montre qu'en fait le cinéma a été le seul à faire vraiment cela : filmer cette histoire, et en même temps des petites histoires, des petites comédies musicales, des petits gags, des trucs loufoques que tout le monde trouvait nul dès 1920." Le titre peut suggérer aussi un constat d'isolement.
Le cinéma, à la fin de cet épisode, est vécu comme un voyage. Ainsi, Julie Delpy lit en entier Le Voyage de Charles Baudelaire, sur fond d'images de La Nuit du Chasseur et de peintures (Klimt, Rembrandt, L'Origine du monde de Courbet). Plus qu'un voyage, le cinéma est un transport visuel vers l'au-delà : "Le cinéma se projette", et Godard d'ajouter : jusqu'à en renverser le spectateur. L'auteur met ici l'accent sur la nature première du cinéma, une fulgurance avant tout visuelle. La plastique des Histoire(s) peut apparaître à ce titre comme une prolongation de cet aspect rétinien, notamment dès les effets de clignotement. L'épisode se termine sur la puissance du cinéma à rendre tout possible, même à "autoriser Orphée à se retourner sans faire mourir Eurydice".
(Marie-Anne Lanavère)

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