Histoire(s) du cinéma, chapitre 1b : Une histoire seule
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Réalisé par Jean-Luc Godard • Écrit par Jean-Luc Godard
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France, Suisse • 1989 • 42 minutes • Couleur et Noir & Blanc
- Réalisation :
Jean-Luc Godard - Écriture :
Jean-Luc Godard - Montage :
Jean-Luc Godard - Voix off :
Jean-Luc Godard
- Production (structure) :
Véga Films - Coproduction :
JLG films, Gaumont - Diffuseur :
La Sept cinéma, TSR - Télévision Suisse Romande, France 3 Cinéma, StudioCanal - Participation :
CNC - Ayant droit :
Véga Films
- N° ISAN :
non renseigné
Résumé
Pour John Cassavetes et pour Glauber Rocha.
Godard aborde le cinéma comme l'héritier de la photographie et de l’impressionnisme, et s'intéresse particulièrement à la lumière.
"Les deux premiers chapitres des Histoire(s) du cinéma portent sur l'essence du cinéma, brassant en deux heures ses origines multiples : abordant son origine chronologique ("l'enfance de l'art", avec les frères Lumière), Jean-Luc Godard montre surtout l'origine d'un art qui s'adresse au regard ("Oh ! Quelle merveille de pouvoir regarder ce que l'on ne voit pas"), héritier de la photographie ("en héritant de la photographie, le cinéma a toujours voulu faire plus vrai que la vie") et du théâtre, mais il rappelle aussi que le cinéma, avant d'être un objet d'étude, est un spectacle né à Hollywood ou en Russie, une "usine de rêve" et de mythes dirigée par des producteurs comme Irving Thalberg ou Howard Hughes. Jean-Luc Godard fait le constat, avec un pessimisme certain, de la mort du cinéma, dont la vidéo serait le cimetière. Pour soulever le rapport entre cinéma et Histoire (les actualités cinématographiques), il choisit de montrer les destructions de la guerre - choix qui aboutit à la destruction du cinéma lui-même : "Il suffira d'une ou deux guerres mondiales pour pervertir cet état d'enfance, et pour que la télévision devienne cet adulte imbécile..." - et regrette le temps de la dimension hypnotique (Griffith, Chaplin) et religieuse ("la puissance de transfiguration") du cinéma. Histoire(s) du cinéma constitue à ce titre un double hommage : l'hommage au cinéma disparu, aux personnages devenus fantômes et aux films devenus reliques, ainsi que l'hommage d'un cinéaste à son propre passé de cinéaste, dans un souci de construire un autoportrait qu'il reprendra dans JLG/JLG (1994). Histoire(s) du cinéma, c'est encore la mise en relation savante, orchestrée comme une symphonie avec une maîtrise qui peut nous échapper, du cinéma avec les autres arts, dans cette perspective transversale mise au point par Jean-Luc Godard depuis le film Passion (1982) : le cinéma rencontre désormais la peinture (celle de la fin du XIXe siècle et des premiers temps du cinéma surtout), il croise la littérature évoquée à travers les titres d'ouvrages lus par le cinéaste, et il rapproche l'image et le son. Jean-Luc Godard réussit à mettre à plat les associations d'idées multiples, dont la mémoire est le gardien, grâce à des connexions hypertextuelles qui ne se réduisent pas à de simples rapprochements stylistiques, dans une conception plus large de l'Histoire : "J'ai toujours pensé que je faisais de la philosophie, que le cinéma est fait pour faire de la philosophie, une philosophie plus intéressante que ce qu'on appelle ainsi à l'école et dans les livres puisqu'on n'a pas besoin de penser, on est pensé. L'écran pense et donc il faut recueillir, amener les choses, comme les scientifiques.""
(Marie Anne Lanavère)