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Résumé

Vue par un jeune réalisateur, la Cinémathèque française en 1962 : sa salle de projection de la rue d'Ulm, ses bureaux de la rue de Courcelles, son personnel (Lotte Eisner, Mary Meerson, Marie Epstein, ...) et le gardien des lieux, Henri Langlois.
Épisode appartenant au film Chroniques de France n° 2 (1962), mais le titre seul a fait l'objet d'une sortie en tant que court métrage à part entière en 1964.

"1962 est une année qui compte pour la Cinémathèque française, toute auréolée du prestige récent d'avoir été l'"école de la Nouvelle Vague" ou, comme il est dit dans ce film court, le foyer des "jeunes hommes qui portent en eux le cinéma de demain". En 1962, Henri Langlois, officiellement secrétaire général d'une association qu'il dirige depuis sa fondation, donne de longs et passionnants entretiens au Monde et aux Cahiers du cinéma. Un "patron" de la cinéphilie certes, mais aussi méfiant ("Est-ce que vous avez des ennemis ? – Écoutez, il ne faut pas poser des questions pareilles !") et secrètement inquiet de savoir sa Cinémathèque dans le collimateur de la Cour des comptes. En 1962 encore, les invités prestigieux se succèdent, ainsi Buster Keaton qui pleure rue d'Ulm en recevant l'ovation d'une jeunesse qui lui vouait un culte sans qu'il le sache. On la voit, cette jeunesse de 1962, dans le film de Jean Herman, 29 ans, diplômé de l'IDHEC, assistant réalisateur de Rossellini pendant son voyage en Inde, plus tard écrivain connu sous le nom de Jean Vautrin. Et comme cette jeunesse, son film est reconnaissant au Langlois d'hier et d'aujourd'hui, mais avec un ton et d'une manière drolatique, voire caustique, évitant ainsi heureusement le piège de la génuflexion et de la révérence devant le "grand homme" qui, lui-même, passait son temps à contester l'ordre établi. De l'ordre, on voit bien qu'il y en a peu rue de Courcelles, à la fois bureaux de la Cinémathèque et lieu d'exposition, sorte de repaire où vivent en reclus, affairés à des tâches mystérieuses, des hommes et des femmes au milieu d'objets extraordinaires, vus comme à la dérobée : théâtre optique, fusil chronophotographique, manteau de Lola Montès, zootrope, étoile de mer dans son bain révélateur, kinétoscope, momies et mannequins de cire... La Cinémathèque, c'est le cabinet du docteur Caligari et la caverne d'Ali Baba, c'est aussi le siège de l'obsession d'un homme aux yeux cernés : "J'ai horreur des collectionneurs, je suis un monsieur qui veut sauver des films, mais des films pour les montrer !""
(Bernard Benoliel)

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