Zaho Zay

Documentaire
    Réalisé par Maéva Ranaïvojaona, Georg Tiller • Écrit par Maéva Ranaïvojaona, Georg Tiller
    France, Autriche, Madagascar • 2020 • 78 minutes • HD • Couleur
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

""Rien ne pousse ici, ni la dérision des pauvres, ni le rire gras du pouvoir". Un texte coud l’ensemble du film, ramassé dans la puissance évocatoire des mots. Ils concentrent la poésie du révolté et la violence de l’histoire individuelle au regard de l’histoire collective. À la brutalité des destinées répond la crudité des vocables. Depuis le pont entre passé et présent, Zaho Zay traque le trauma de Madagascar comme celui de l’enfance. Berceuses et contes enfantins réveillent les meurtrissures de la petite et de la grande Histoire tandis que dans le tissu des images, des gestes, des traditions, des savoir-faire survivent. Là où le passé emprisonne, les images résistent, les mots ressuscitent.

Zaho Zay est une élégie en deux mouvements. Le premier suit la figure erratique d’un meurtrier en fuite qui traverse différentes réalités insulaires. Le second, à l’âpreté documentaire, se noue autour du destin figé de prisonniers entassés dans une prison surpeuplée de l’île. Une voix, seule, de femme trame les deux mouvements dans l’unité du texte et façonne de ses silences et de ses accents le corps d’images. Elle est l’adresse intime d’une matonne de la prison à son père, le criminel en fuite, dont elle convoque le souvenir sous les traits mythiques d’un Betsileo, habitant autochtone du Sud-Est de Madagascar. Le texte s’enracine dans le souvenir de ce père fantomatique, de ce meurtrier figuré en cowboy solitaire qui joue aux dés le sort de ses victimes. Des réminiscences de l’enfance surgissent les images des réalités contradictoires du pays. Au rêve, le film emprunte la forme généreuse et libre d’une progression par associations qui déjoue la pure logique narrative. De la vie claquemurée qui tente de subsister dans un système carcéral surchargé et insensé aux tisseuses de soie, de la culture du Katrafay aux paysages abîmés et aux hôtels évidés destinés en attente de leurs riches clients, Zaho Zay livre le présent d’une île marquée par son passé colonial, nostalgique d’une liberté, d’une innocence. Zaho Zay ou l’état d’âme de l’île Rouge."
(M.C. - FIDMarseille)

"“Zaho Zay!”, it’s me. This is the daily salute of the prisoners in a crowded Madagascan prison whose guard looks for her lost father in each new prisoner. Her projections and fantasies let the mystical, murderous father figure roam the island in simultaneously dreamlike and nightmarish sequences, accompanied by a poetic voiceover. A hybrid narrative, speculating about the mysterious paths and profound traumas of its landscapes and all who walk in them.
A pair of dice, a quiet murderer and his victims, traces of history and magic realism. Rituals and riddles, revenge, remorse and imprisonment are unravelled and re-interlaced between the brutal reality of a detention centre, the fantasies of the fictionalised narrator and the vast natural spaces of an island – slowly and poetically. Crises, colonial violence and its continuities are suggested and condensed. The montage of documentary material and staged sequences references western and film noir and develops an intense visual and narrative pull. An almost lyrical text and the precisely framed images bear witness to an impossible quest that’s actually a haunting, referring to individual and collective traumas and the strange forces with which such shocks inscribe themselves into narratives and places."
(Djamila Grandits - DOK Leipzig)

Sélections et distinctions
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