La Forêt des Tacanas

Tout en bas des derniers contreforts des Andes coule le Rio Tuichi. Depuis que le monde est monde, les berges de ce fleuve qui se jette dans l'Amazone sont territoire des tribus Tacanas, mais les bûcherons qui sillonnent la forêt à la recherche des vieux acajous se fichent éperdument des équilibres sur lesquels se fondent les sociétés amérindiennes. Chaque arbre représente une petite fortune qui pèse bien plus lourd que le sort d’une poignée de sauvages qui méprisent l’argent et le progrès allant de pair. Certains clans Tacanas ont donc fui cette civilisation qui sentait si fort la mort des arbres et des hommes. D’autres ont accepté de cohabiter, le plus souvent pour que les enfants aillent à l’école et puissent un jour choisir leur monde. Devenus grands et lettrés, certains de ces jeunes Tacanas ont choisi de rester sur le territoire de leurs parents et surtout décidé de s’opposer à la destruction systématique de la forêt. À force de batailler, ils ont obtenue qu'une partie du territoire Tacana soit reconnue par le gouvernement de La Paz comme une réserve naturelle à protéger. Une poignée d’irréductibles a poussé plus loin encore le combat en s’improvisant garde-forestier amérindien et ils veillent désormais à ce que plus personne ne viennent jouer de la tronçonneuse. À la tête de ces défenseurs du temple-nature, Rosa Maria, l’indienne blanche. Cette fille d’une basque française rêve la nuit qu’elle vole comme un ara, l’oiseau sacré. Et de jour elle combat becs et ongles contre les grandes compagnies qui rêvent de passer au dessus des lois.