La Chambre

Vientiane, Laos, janvier 2004.
Mon frère Hé et moi sommes les invités d’un dîner chez ma sœur Pok qui partage sa maison avec trois autres filles. Ces dernières sont déjà en pyjama et s’activent dans tous les sens à la mise en place et en scène d’un moment de vie destiné à tomber dans l’oubli. Les musiques du karaoké et les plats défilent, les blagues fusent dans une langue que je peine à comprendre : ma langue maternelle. Je filme sans comprendre que la caméra était mon seul moyen d’accéder à une certaine compréhension. Nous buvons beaucoup. Les effets de l’alcool se font sentir peu à peu dans les attitudes des uns et des autres, jusque dans ma manière de filmer.
Le bonheur du moment nous entraîne irrémédiablement vers ce qui n’a de nom qu’en Occident : mélancolie.