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Résumé

"Je rencontre Pierrot à l’automne 2018. Nous manifestons ensemble au cœur du mouvement des Gilets jaunes. La terre tremble, nos cœurs aussi. Nos corps se mêlent à des milliers d’autres qui expriment leur colère dans la rue tous les samedis."
(Laurie Lassalle)

"Pour filmer le phénomène des Gilets jaunes, il fallait dans une certaine mesure, y participer : faire acte de présence sur les ronds-points ou dans les rues le samedi. Car comment définir ce mouvement pluriel et spontané autrement que par cet être-là ? Laurie Lassalle fut de ceux qui occupèrent le terrain à Paris. En voix off, elle interroge son désir d’être parmi la foule, indiscernable de celui d’y retrouver Pierrot. C’est un angle mort des analyses politiques que la cinéaste aborde ici vaillamment : la part irrationnelle des engagements et le caractère mystérieux des soudains embrasements tels que celui qu’a connu la France cette saison-là. Le récit de ses samedis et de l’idylle qui la consume devient la métaphore filée du désir de faire foule face à des hommes casqués. Une expérience qui est elle aussi charnelle, mêlant des pulsions antagonistes : venir se dresser contre les dynamiques morbides imposées par le pouvoir implique aujourd’hui une mise en péril de son intégrité physique. Aidée de Pierrot, qui entame facilement la conversation, la cinéaste sonde d’autres individus qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte par les premiers Gilets jaunes pour dire leur appétit d’un monde meilleur. Leurs récits traitent d’espoir politique davantage que de précarité économique, enrichissant l’image qui a pu être donnée du mouvement. Les lacrymos fusent, les LBD frappent. Laurie Lassalle filme les corps qui encaissent, et qui reviennent prendre le risque de finir amochés, comme elle le fait en mettant ses sentiments à nu. L’amour et la révolution sont peut-être des utopies, mais une étincelle contient toujours la promesse d’un incendie."
(Olivia Cooper-Hadjian - Cinéma du réel)

"I meet Pierrot in the fall of 2018. We demonstrate together in the heart of the Yellow Vests movement. The earth trembles and so do our hearts. Our bodies mingles with thousands of others who express their anger in the street every Saturday."
(Laurie Lassalle)

"To film the Yellow Vests movement, you somehow had to take part in it: show up at the roundabouts or on the street on Saturdays. Because how can you define this plural and spontaneous movement other than by “being there”? Laurie Lassalle was among those who maintained a presence in Paris. Her voice-over questions her desire to be part of the crowd – inseparable from her desire to meet up with Pierrot. What the filmmaker intrepidly addresses here is something that political analyses fail to see: the irrational side of engagement and the mysteriousness of sudden flare-ups such as the one in France at the time. The story of her Saturdays and the idyll consuming her become the metaphor that runs throughout the film of the desire to form a crowd against men in helmets. The experience is also sensual, mixing antagonistic impulses: being present to resist the morbid dynamics imposed by the powers that be means endangering one’s physical integrity. Assisted by Pierrot, who strikes up conversation easily, the filmmaker questions others who leapt into the breach opened up by the first Yellow Vests to vent their longing for a better world. Their stories speak more of political hopes than economic precariousness, and flesh out the image given to the movement. Tear gas grenades explode, defence-ball launchers strike. Laurie Lassalle films bodies taking hits, and returning even though they could get hurt, as she herself could by stripping her emotions bare. Love and revolution are perhaps utopias, but a spark always holds the promise of a blaze."
(Olivia Cooper-Hadjian - Cinéma du réel)

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