Brainwashed : le sexisme au cinéma

Titre original : Brainwashed: Sex-Camera-Power
Documentaire
    Réalisé par Nina Menkes • Écrit par Nina Menkes
    États-Unis • 2022 • 103 minutes • Couleur et Noir & Blanc
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

De Metropolis à Eyes Wide Shut en passant par The Breakfast Club, Il était une fois à Hollywood¸ After Hours de Scorsese ou même Titane, de Julia Ducournau, Nina Menkes analyse plus de 175 extraits de films sur une période allant de 1896 à 2020 en focalisant son attention sur les plans de femmes dans le cinéma de Hollywood (soit 80 % des contenus de "divertissement" diffusés à travers le monde) et d'ailleurs.
L'essayiste et réalisatrice déconstruit chaque scène à partir d'éléments invariables : la relation sujet/objet, le cadrage, les mouvements de caméra et l'éclairage, soit les quatre paramètres qui permettent d'établir la "position narrative d'un personnage". Elle fait ainsi apparaître une structure sexiste systémique dans l'ensemble de ces prises de vues, parfois même en décalage total avec le rôle attribué à l'actrice.
Hommes et femmes sont filmés différemment. De ce constat implacable et rigoureusement étayé, Nina Menkes met en évidence la réification des protagonistes féminines dans le cinéma, message plus ou moins conscient qui aboutit selon elle à un "langage commun de la culture du viol". Car dans l'immense majorité des cas exposés, les femmes sont montrées à l'écran comme objet du regard, souvent silencieuses, décorrélées de leur environnement, fragmentées à l'image (poitrine, fesses...) et réduites à une simple fonction sexuelle. Le ralenti, par exemple, est utilisé pour les filmer en tant que corps sur lesquels le regard s'attarde, tandis qu'au masculin on n'y recourt que pour des scènes d'action. Désormais confronté à la critique féministe, le milieu du cinéma ne semble pas prêt à se réformer en profondeur.
Fondée aussi sur l'une de ses conférences (Sexe et pouvoir : le langage visuel du cinéma) et sur les témoignages d'actrices et d'essayistes, à l'instar de Laura Mulvey (qui a défini en 1975 le "male gaze", le "regard masculin"), la démonstration de Nina Menkes crève littéralement les yeux (et l'écran). La réalisatrice revient également sur sa propre expérience de spectatrice soumise à son corps défendant au diktat du male gaze pour nous interroger avec acuité : comment réinventer la représentation des femmes ?

"Since 2017, #MeToo and the no-longer-covered-up abuse of countless women by Harvey Weinstein have called many things into question in the film industry. This documentary analysis of the male gaze in cinema is based on Nina Menkes’ lecture Sex and Power: The Visual Language of Oppression. In it, Menkes uncovers patriarchal narrative structures that lie behind supposedly classic set-ups and camera angles. Making use of feminist film theorist Laura Mulvey’s theses on the objectification and sexualisation of the female body, she shows how aesthetic decisions such as camera movement or lighting influence the perception of women on screen, and how shot design functions as an instrument and a mirror of power relations. In doing so, she determines a connection between established film language and a culture of misogyny that leads to the abuse of women beyond the screen. Her individual analyses of scenes from 120 years of film history demystify many a cult film in the independent canon – because the film language that has been shaped by the patriarchy pervades more than just Hollywood cinema."
(Berlinale)

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