Rosa Bonheur, dame nature

Rosalie dite Rosa. Artiste. Une idéaliste pragmatique, une marginale conventionnelle, mais surtout une peintre de la vie agricole et de la vie sauvage à l'heure où la révolution industrielle et la croissance urbaine font disparaitre des pans entiers de la relation séculaire entre les hommes et les animaux.
Une féministe aussi. Dans un siècle qui considère les femmes comme des mineures ou des incapables en Droit et en capacités, les assujettissant à un père, un frère ou un mari, leur interdisant l'accès au savoir et à toutes formes de pouvoir, Rosa Bonheur se jure de "relever la femme". Abandonnée par son père, ayant vu sa mère se tuer à la tâche, elle refuse de se marier et vit toute sa vie avec des femmes.
Il y avait là de quoi choquer plus d'un bien-pensant. Au contraire, elle est honorée, respectée, décorée, comme protégée par un nom magique. Première artiste à recevoir la croix de la légion d'honneur et première femme à recevoir la rosette grâce au président de la République Sadi Carnot, elle obtient du préfet de police un permis spécial pour se travestir en homme.
Alors que nous allons célébrer les 200 ans de la naissance de la femme-peintre la plus célèbre du XIXe siècle, qui installa dans le jardin de son château en Seine et Marne une foule de bêtes, dont une lionne en liberté, le film propose de redécouvrir une artiste un peu oubliée dans le pays qui l'a vue naitre et pourtant célébrée aux États-Unis et en Angleterre comme une artiste majeure.