Margaret Thatcher, l'inoxydable

Pourquoi une personnalité politique a-t-elle suscité tant de haines au point que l’on descende dans la rue pour célébrer sa mort, un déchaînement de passions violentes sans équivalent dans l’histoire des démocraties occidentales ? Est-ce uniquement dû à la personnalité brutale de la Dame de fer et à l’implémentation de politiques néolibérales aux conséquences sociales dévastatrices, ou la misogynie est-elle aussi entrée en ligne de compte ? Et comment Margaret Thatcher a-t-elle pu, malgré tout cela, se maintenir à la tête de son parti plus de seize ans, et à la tête du gouvernement britannique presque douze ans ? L’appréciait-on finalement plus qu’on ne l’admettait, et y avait-il aussi des facteurs extérieurs ? Et enfin, quel fut le prix à payer de la décennie Thatcher pour le Royaume-Uni et pour le monde ?
Jusqu’à récemment, l’historiographie peinait à répondre de manière satisfaisante à ces questions, car les historiens étaient eux-mêmes témoins directs de cette période de grands bouleversements, et divisés eux aussi en deux courants antagonistes : "Thatcher la sorcière" ou "Thatcher la sauveuse". Mais une plus jeune génération parvient désormais à dépassionner quelque peu l’étude de cette période, et à porter ainsi sur elle un éclairage neuf et plus instructif.