Vivien Leigh, autant en emporte le vent

De sublimes yeux verts brillant de fureur, des phrases qui cinglent et un tempérament explosif : en une scène, une jeune actrice britannique inconnue à Hollywood impose sa beauté et son talent. Elle sera, pour toujours et à jamais, Scarlett O’Hara. Garce, cruelle, égoïste, insupportable. Mais aussi entière, courageuse, fougueuse, d’une beauté étourdissante. Irrésistible. Pour Vivien Leigh, qui remporte l’Oscar en 1940, c’est un triomphe. La même année, elle épouse le grand amour de sa vie, l’acteur britannique Laurence Olivier. On dit du couple qu’il est aussi célèbre que les Windsor. Élevée dans les meilleurs pensionnats britanniques, Vivien manie l’art de la révérence à la perfection et le pratique régulièrement devant la Reine. Deux anglais qui triomphent à Hollywood, deux vedettes d’Hollywood qui jouent à Londres les plus grandes pièces de Shakespeare.
Douze ans plus tard, Vivien remporte un deuxième Oscar pour son incarnation bouleversante de Blanche Dubois dans Un tramway nommé désir d’Elia Kazan. La dernière scène la montre en camisole emmenée de force dans un hôpital psychiatrique. Troublant lorsqu’on sait que Vivien Leigh a souffert toute sa vie de tendances maniaco-dépressives soignées à coups d’électrochocs.
Car l’icône était aussi fragile. Et son image nous parvient brouillée. La maladie, la célébrité parfois écrasante de Laurence Olivier, le personnage de Scarlett si envahissant qu’il laisse peu de visibilité au reste de sa carrière, ont longtemps empêché de prendre toute la mesure d’une vie et d’une carrière hors du commun.
Qui était-elle ? La femme folle du forcément génial Laurence Olivier ? L’actrice d’UN rôle, ou l’une des plus grandes de son époque ? L’hôtesse parfaite pour Unes de magazines ou la bombe sensuelle à la sexualité très libre pour son époque ? Le double dans la vie de son personnage d’Un tramway nommé désir, névrosée et nymphomane ou de celui de Scarlett, forte et indépendante ?
Le récit tresse archives privées et publiques, dessins et extraits de filmographies pour raconter la vie trop méconnue de Vivien Leigh. Une vie de paradoxes, qui a mêlé la gloire et le tragique. Une vie à la postérité contrariée par les fantômes omniprésents de la maladie, de son couple trop parfait, d’un rôle trop iconique.