Kaiserling III

Documentaire
    Réalisé par Philippe Rouy • Écrit par Philippe Rouy
    France • 2023 • 23 minutes • Couleur
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

Un homme filme le vivant. Il l’archive dans des préparations humides paradoxales. Des images en fluide qui pourraient lui survivre. En 2100, sa fille aura 86 ans. Il en aura 129.

"Tout cinéaste, à plus forte raison si sa pratique est entièrement liée aux outils numériques, possède des dizaines de disques durs, remplis de milliers d’heures d’images dormantes. Il arrive qu’un banal accident contredise les promesses d’éternité des supports de stockage actuels et réduise cette matière à néant, à moins que les changements de technologie et leur obsolescence programmée ne finissent un jour par rendre toute cette mémoire tragiquement inaccessible. Faut-il comme Philippe Rouy recourir à des méthodes de conservation ancienne et plonger ces disques durs dans le formol, en l’occurrence ce fluide préservant la couleur des spécimens dont la formule inventée par le pathologiste allemand Johann Carl Kaiserling (1869-1942) donne son nom au film ? Solution évidemment ironique, qui précipite et ritualise la destruction redoutée. Mais elle trompe aussi la mort en changeant de registre de visibilité. Les boîtes opaques, préalablement éviscérées, laissent apparaître leur mécanique rutilante sur les parois bombées des bocaux, certaines y développant d’étranges formations analogues aux corruptions qui altèrent les images numériques. C’est le point de départ d’un essai dont les associations sibyllines frappent l’esprit avec une impitoyable clarté, quand à la joie éprouvée par une enfant au seuil du langage face à un cochon dans la boue, succède le récit radiophonique par
George Franju du plus terrible des films d’épouvante, celui qui vous regarde souffrir avec un grand sourire."
(Antoine Thirion - Cinéma du réel)

A man films living things. He archives them in paradoxical wet preparations. Images held in fluid that could outlive him. In 2100, his daughter will be 86. He will be 129.

"Any filmmaker, especially if their practice is totally linked to digital tools, possesses dozens of hard drives full of thousands of hours of dormant images. Sometimes, a banal accident occurs that belies the promises of eternity proffered by current storage media and decimates this material, unless of course technological advances and their programmed obsolescence finally mean that one day this memory will become tragically inaccessible. Should we do as Philippe Rouy: use old conservation methods and immerse these drives in formol, or more specifically in the liquid invented by the German pathologist Johann Carl Kaiserling (1869-1942) that preserves the natural colours of specimens and gives the film its title? A clearly ironic solution, which accelerates and ritualises the dreaded destruction. But it also cheats death by changing the register of visibility. Opaque boxes, already eviscerated, reveal their shiny mechanics through the curved sides of the jars, while some of them develop strange patterns akin to the corruption that degrades digital images. This is the starting point of an essay whose cryptic associations impress a cruel clarity on our mind, when the joy felt by a child babbling their first words at the sight of a pig in the mud is followed by the
George Franju’s radio story about the most terrifying horror film – one that watches you suffer with a broad smile."
(Antoine Thirion - Cinéma du réel)

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