Eventide

Une méditation cinématographique sur le futur et les incertitudes qui l'accompagnent. En Suède, sur l'île de Gotland, à la saison où s'observe la pluie d'étoiles filantes des Perséides, un groupe de personnes explore une plage rocailleuse et sa rare végétation, en une douce quête de l'inconnu.

"Le soir tombe sur une digue rocheuse dont Sharon Lockhart nous offre le plan et une invitation à éprouver le temps qu'il contient. Un temps matériel, un temps qui se travaille, nécessaire à l'exploration d'un paysage. Une femme le traverse à la lumière de son téléphone. Que cherche-t-elle entre ces rochers nocturnes ? Et les autres qui la rejoignent ? Une chorégraphie de faisceaux de lumière entre les roches démarre. Le soir se transforme en nuit et les étoiles se lèvent. Les lumières des téléphones entre les pierres font miroir aux constellations qui commencent à surplomber cette énigmatique battue. Notre regard convoqué peut suivre les mouvements des étoiles et des satellites. Plus rapide, plus étrange encore que celui qui se déroule au sol, un autre ballet se lance dans le ciel, constitué d'un essaim de météorites. Ce sont les Perséides, visibles depuis Gotland, en Suède. Les yeux rivés au sol, la communauté qui s'est formée là ne s'attarde pas sur les cieux, et cette attention déplacée crée une inquiétude. Le film rend visible la noirceur de la nuit et perceptibles les sons les plus secrets. Il travaille les distances, les rassemblements, les pertes de vitesse et les retrouvailles. Qui s'est perdu là, sous ce ciel ? Sous cette terre ? Un rituel se performe, capable de convoquer un lointain, obscur et indicible. Le tableau est chargé de scintillements et des imaginaires qu'il convoque. Battant une mesure double, Sharon Lockhart fabrique du temps et la matière d'une absence sous un essaim de météores et pave d'or l'invisible."
(Clémence Arrivé - Cinéma du réel)