Folle semaine au salon de l'agriculture

Février 2001, dans une ferme des Landes. Armé d'une brosse en chiendent, un éleveur frotte avec vigueur la robe de ses blondes d'Aquitaine. Touffes rebelles laquées, cornes lustrées : les bêtes sont prêtes pour la parade. Le village est d'ailleurs réuni pour les admirer une dernière fois avant qu'elles grimpent dans le rutilant camion de leur propriétaire qui les emmène au Salon de l'agriculture à Paris, dans l'espoir de décrocher une médaille. Cet éleveur landais est l'un des personnages du film Folle semaine au Salon de l'agriculture, porte de Versailles à Paris. Pour décrire cette gigantesque ferme urbaine, où se ruent chaque hiver des centaines de milliers de curieux, le réalisateur se focalise sur une dizaine d'hommes et de femmes, présents au Salon pour des raisons diverses. On croise ainsi une jeune agricultrice de dix-huit ans, candidate au concours du meilleur pointeur ; un éleveur et un vétérinaire sénégalais, en quête de reproductrices pour leur pays, qui découvrent avec émerveillement la diversité de la production fromagère française ; une vendeuse de livres truculente qui se désole de voir les visiteurs préférer l'andouillette à la littérature...La caméra montre aussi des visages connus, pour qui le Salon de l'agriculture est un passage obligé : le président Jacques Chirac, prompt à serrer les mains et à flatter le flanc des animaux.
Truffé de séquences réjouissantes, ce documentaire, tourné en 2001 en pleine crise de la vache folle, est toutefois empreint de gravité. Derrière les plaisanteries et les sourires, l'inquiétude et le découragement sont perceptibles. En signe de solidarité, Emmanuel Descombes a choisi de dédier son film à tous les paysans qui essaient d'y croire encore.