Nice, les artistes et l'azur

Nice est une ville paradoxale. Dans l’imaginaire d’aujourd’hui, elle est souvent synonyme d’une France nantie, fermée à l’altérité. Tout au long de son histoire, elle a pourtant fasciné nombre d’artistes épris de beauté, de liberté et de complexité. Du fait de son rattachement tardif à la France (avant 1860, elle était piémontaise), elle s’est forgé une identité différente de celle d’autres villes de Provence. L’Italie voisine y a sa part, au même titre que les Anglais et les Russes fortunés, qui au XIXe siècle, s’y sont construit de luxueuses villas. Si les "hivernants" en ont fait un lieu de retraite privilégié, prélude au tourisme de masse, les artistes, attirés par le bleu étincelant de la baie des Anges, y ont vu une forme d’absolu. Friedrich Nietzsche, quant à lui, y a formulé certaines de ses pensées les plus décisives…
L’identité d’un lieu tient-elle à autre chose qu’aux regards qui se sont posés dessus ? C’est la question qu’explore ce film à travers l’histoire de la Riviera, Eden rêvé, entièrement voulu et construit par la société humaine. "Il faudrait pour le peindre une palette de diamants et de pierreries", disait Monet, fasciné au même titre que le sera Matisse à l’occasion d’un court séjour en 1916. Tombé amoureux des lieux, ce dernier en fera son ancrage et sa source d’inspiration principale jusqu’à sa mort. D’autres y sont venus, plus ou moins longtemps : Pierre Bonnard, Pablo Picasso, Francis Scott Fitzgerald, ou encore Jean Vigo. À ces regards d’hier font écho des réflexions d’aujourd’hui, notamment de l’artiste Ernest Pignon-Ernest et de l’écrivaine Chantal Thomas, tous deux profondément attachés à Nice.