Je ne reprendrai pas la ferme

Il s’appelle Damien Rouxel. Il a fait un choix, celui de ne pas reprendre l’exploitation laitière de ses parents, Alain et Laurence. À dix-sept ans, il quitte l’exploitation familiale du Theil, dans les Côtes d’Armor, pour s’engager sur une voie artistique. Adieu, veaux, vaches et champs de blé ! C’est à Quimper qu’il entame son cheminement, au sein de l’école des Beaux-Arts, après avoir réussi ses concours. Ses questionnements deviennent alors évidences ; son identité s’affirme, le trouble s’ancre. Il travaille et se questionne sur le genre, l’identité, les codes de l’art pictural, l’agribashing, la queerophobie et l’héritage familial.
Mais loin d’oublier ses racines, il reprend régulièrement la route de la ferme familiale et met alors en scène ses parents et sa sœur, armé de son appareil photo. Encore vêtus de leurs cotes de travail, ceux-ci acceptent de prendre la pose pour donner une nouvelle lecture des grandes références de l’art mêlées aux codes ruraux. La ferme devient alors un vaste terrain de jeu : le père se transforme en Virgile, la mère en Pietà, la sœur devient l’une des Trois Grâces… Et Damien, au centre de ces scènes souvent bibliques, joue avec les accessoires et les références : tire-laits, seaux à veaux et tracteurs côtoient alors nipples, paillettes et talons aiguilles afin de dessiner une nouvelle esthétique. 
Je ne reprendrai pas la ferme donne la parole à sa famille, à ceux qui l’accompagnent dans son envol artistique et met en avant deux mondes qui se percutent, celui de l’art et de l’agriculture.