Et Dieu créa la Côte d'Azur

3 septembre 1944, au matin. Le drapeau rouge flotte sur le rocher de Monaco. Les Allemands ont déserté, non sans avoir fait la fête jusqu’au dernier instant. Mais qui sont les militants qui proclament la République populaire de Monaco ? Des croupiers, des employés des grands hôtels, de la Société des bains de mer, qui rapidement s’en remettent au gouvernement provisoire de la République française… Cette anecdote savoureuse et incongrue - une parmi tant d’autres - est distillée dans un long documentaire qui réussit à mettre en perspective l’histoire passionnante de la Côte d’Azur, ce bout de littoral béni des dieux qui s’étend de Saint-Tropez à Menton.
Avec force images d’archives et témoignages, il donne à comprendre comment un bout de terre ingrate, stérile, dont personne ne voulait et dont seules les filles héritaient, est devenu l’un des lieux plus huppés de la planète, où durant deux cents ans, villas, palaces et casinos ont poussé, cultivant l’extravagance et les signes extérieurs de la richesse. La Côte d’Azur est donc une création artificielle, entamée dès la fin du XVIIIe siècle par de riches Anglais, fuyant les effets pervers de la révolution industrielle. La cohabitation avec une population pauvre, rurale, jugée sale, ne sera pas évidente. Ensuite, aimantés par un si beau soleil, viendront se joindre à eux riches Russes, Français, Américains, mais aussi pauvres Italiens et pieds-noirs. Ici, chaque épisode est soigneusement étayé : celui contant la Seconde Guerre mondiale, avec ses deux occupations, italienne puis allemande, rappelle la complexité d’un territoire qu’on ne peut réduire à ses paysages de rêve.