La Vie à mille temps

Du bout des doigts (question de tact), Claude-Jean Philippe feuillette l’album de famille. Pour découvrir avec le frère aîné, Pierre, comment le petit Jacques est devenu le grand Brel. “Il était près de la maman et cette connivence avec elle l’a fort marqué”, précise Pierre. très tôt habité par des questions essentielles, Brel n’aura de cesse de lutter contre le destin tout tracé par une famille qui l’enrôle dans l’usine de carton familiale. Petit garçon réservé, Jacques “éclate” lors des petits spectacles dans la troupe théâtrale de son collège. Ses premiers pas de chanteur, il les fait avec la Franche Cordée, un mouvement de jeunes d’obédience chrétienne. Se rebellant enfin contre l’emballage et la vie bourgeoise, Jacques Brel démarre au quart de tour avec des tours de chant chez Patachou, à Montmartre. Évitant l’écueil de l’hagiographie, le maître d’œuvre de l’émission recueille des témoignages qui disent bien le caractère entier, généreux du personnage. Comme ses compagnons de route, Gérard Jouannest, le pianiste, Corti, l’accordéoniste, qui tracent son portrait en quelques souvenirs et anecdotes. Ainsi apprend-on que la “Valse à mille temps” est née sur une route escarpée de Tanger... Riche en images d’archives (avec Denise Glaser notamment), “La vie à mille temps” égrène les moments forts de la vie de l’artiste (de 1960 à 1968) mais évoque aussi son exil heureux aux Marquises, où il était redevenu tout simplement Jacques Brel