Rivières de bois

Au 16e siècle, la ville de Paris vit son expansion compromise car les forêts alentour, exsangues ou réservées aux chasses royales, ne permettaient plus son alimentation en bois de chauffe et de four. Moyennement éloigné de la Capitale, le Morvan, terre d’abondantes forêts proches des rivières Yonne, Cure et de nombreux autres ruisseaux, apparut alors comme étant une solution pour pallier à la démographie grandissante de Paris. Mais les routes, quasiment inexistantes, constituaient un écueil de taille à son ravitaillement. Charles Leconte eut l’idée de construire les premiers trains de bois aptes à fournir Paris en bois de moule.
Parti de Châtel-Censoir (89), son aventure fut couronnée de succès. Le 21 avril 1547, il déposait sa précieuse cargaison sur un quai de Seine parisien, sous constat officiel des autorités royales. Ainsi commença l’épopée des flotteurs de bois du Morvan. Une aubaine pour ces paysans pauvres et souvent inoccupés en hiver. Clamecy (58), désormais capitale nivernaise du bois, compta plus de 3000 personnes, hommes, femmes et enfants, rompues aux diverses tâches du flottage. Leur prospérité dura près de quatre siècles, avant de s’achever dans une totale indifférence, en 1877, face à l’ascension de la houille, du chemin de fer, et régionalement à la mise en service du canal du Nivernais, trois concurrents imparables. Bernard Claire et Serge Sosiewicz, deux passionnés, content cette extraordinaire épopée.