Ma rue raconte

Une rue a toujours un nom, même banal… "d'une simplicité tout helvétique"… comme disait l'un de mes professeurs. Par exemple, près de chez moi, en pleine campagne, il y a un petit chemin sans maison qui s'appelle "L'Avenue". J'ai habité longtemps l'avenue Auguste Tissot à Lausanne, j'ai voulu en savoir davantage sur lui. J'ai découvert qu'il avait été un médecin très illustre qui avait écrit entre autres un livre sur l'onanisme et on y apprenait que la masturbation rendait sourd, aveugle, fou. À cette époque, l'idée a germé en moi d'une série sur les noms des rues en Suisse Romande. La série "Ma rue raconte" de vingt-cinq films de 4 à 5 minutes a été tourné en Suisse Romande au printemps. Mon choix a été tout à fait arbitraire, simplement j'ai essayé de trouver bien évidemment des sujets visuels, mais surtout de surprendre et d'avoir à chaque fois une autre approche. J'espère qu'à travers cette série qui ne se veut pas didactique, le téléspectateur aura soit envie de creuser un peu plus le sujet, soit de se poser des questions sur sa rue, sur les rues qu'il traverse tous les jours. Je n'ai pas raconté la vie de la rue, mais l'histoire du personnage qui un jour, des années après sa mort, a son nom sur une plaque de rue. Dans ce choix il y a par exemple, un écrivain, un pilote, un capitaine de navire, une reine, un peintre, une tenancière de café, un constructeur automobile, une féministe, etc. Les personnages sont racontés par des spécialistes ou des amateurs passionnés habitant la région, et largement illustrés de films, de photos. En tant que femme je n'ai pas été étonnée mais attristée de constater que dans ce domaine elles sont peu, très peu nombreuses. En cherchant bien, très bien, j'en ai trouvé neuf sur un total de vingt-cinq, et c'est la ville de Genève la plus féministe. (Jacqueline Veuve