Chroniques souterraines

Les souterrains constituent un univers enfoui qui a, de tout temps, excité l'imaginaire. Le monde souterrain a nourri l'inconscient collectif comme projection de fantasme de liberté : le dessous de la réalité apparente est aussi le cœur de la terre où s'opère la régénération du monde diurne. Partout où la nature du sous-sol le permettait, les hommes ont creusé des abris propres à leur offrir la sécurité en cas d'agression. Souterrains de refuge, souterrains de fuite, de communication, galeries de dépôts, regards protégés de réserves d'eau, cavernes sculptées, cryptes enfouies de cultes, catacombes restent à travers les siècles une voie de passage à la fois concrète : géographique et historique. Ils sont l'objet de superstitions populaires et offrent des asiles idéaux aux lieux de rites en liaison avec la notion de "Terre Mère". Aujourd'hui, ils deviennent des lieux de fêtes cachées, de fausses randonnées touristiques, d'aventures spéléologiques, mais aussi de recherches archéologiques et d'expérience biologiques. Un homme traverse le monde par son dessous. Nous l'accompagnons dans son exploration de ces territoires où règne une nuit sans partage. Nous les suivons, et comme lui, nous cherchons à ressentir cette délicieuse sensation de perdition si rare aujourd'hui dans le monde extérieur. Le film se présente aussi comme un clin d'œil à la naissance du cinématographe. Là où tout était obscur, nous avons fait un peu de lumière, là où tout était silencieux, un peu de bruit : Fiat Lux