Ça m'a fait plaisir d'avoir pu rendre Rameau à la rue
Clément Cogitore sur France Culture
Depuis presque une vingtaine d'années, l'artiste contemporain et réalisateur Clément Cogitore manipule les images. Films, installations, vidéos, mises en scène... Il était invité dans l'émission Affaires culturelles pour parler de sa pratique et de ses arts.
Arnaud Laporte présente l'émission dans laquelle il recevait Clément Cogitore :
"L’apparente hétérogénéité de l’œuvre de l’artiste contemporain Clément Cogitore, tant du point de vue formel que des sujets abordés, ne doit pas laisser croire à un manque de détermination, bien au contraire. Des vidéos expérimentales aux documentaires en passant par les installations vidéo et la mise en scène d’opéra, Clément Cogitore jongle entre les médiums sans s’embarrasser des étiquettes de genre, se considérant plutôt comme un "metteur en scène d’images", adaptant le mode de présentation à la spécificité de son sujet.
Chroniques (2006), sa première réalisation conçue dans le cadre de ses études aux Arts Déco et présentant un corpus d’archives pour moitié fausses, se voit récompensée du Grand Prix du Jury du Festival de Belfort. Clément Cogitore y interrogeait déjà la colonisation de l’imaginaire par l’exposition permanente à un flux d’images incessant ; réflexion qu’il prolongera notamment dans l’installation The Evil Eye, récit d’apocalypse reconstitué à partir d’images de stocks publicitaires qui lui vaudra l’obtention du Prix Marcel Duchamp en 2018.
En parallèle de ce travail sur la sensation de "déjà-vu", Clément Cogitore s’interroge également sur la nécessité de la fiction, la force des croyances et la possibilité des utopies, questions qu’il a transposées sur un front de guerre dans l’Altas (Ni le ciel ni la terre, 2015), le long d'une barrière entre deux familles voisines en Sibérie (Braguino, 2017) et dans la vie d'un quartier du nord parisien (Goutte d’or, 2022). Enfin, d’une de ses courtes vidéos organisant la rencontre improbable entre la musique baroque de Rameau et le Krump, danse issue du hip-hop, et de l’enthousiasme populaire qu’elle n’a pas tardé à susciter sur Internet, a découlé un immense projet de mise en scène des Indes galantes qu’il a présenté à l’Opéra de Paris en 2019.
C’est aujourd’hui, à l’occasion de la récente parution d’un ouvrage portant sur Mozart, cosigné avec Eugène Green, que nous recevons Clément Cogitore, afin qu’il nous parle de ses méthodes de travail, de ses sujets de réflexion et de ses arts."
"En revoyant une fiction, on se revoit beaucoup au travail. Dans un documentaire, et particulièrement sur Braguino, on accueille beaucoup les choses. Au moment où elles se produisent devant nous, on n'arrive pas toujours à en comprendre forcément le sens ou la place que les évènements qui sont en train de se dérouler devant nous auront dans le montage. Donc il y a tout un temps après lors duquel on apprivoise les évènements qui se sont produits, les personnages avec qui on a passé du temps. C'est comme si les choses se décantaient un petit peu. Il y a moins cette sensation de propriété de l'auteur sur ce monde-là, on en fait juste un portrait. Quand je revois un film, j'ai souvent autant de regrets que de joies, mais j'ai sûrement plus de joie pour Braguino parce que c'est un film cadeau. Quand la caméra tournait, j'ai eu l'impression d'avoir de la chance d'être là, dans un coin, pour accueillir et transmettre cette petite histoire qui s'est racontée devant nous." (Clément Cogitore)
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