Jean Eustache
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Jean Eustache est né le 30 novembre 1938 à Pessac, près de Bordeaux. Dès l'âge de cinq ans, a-t-il lui-même déclaré, il est passionné par le spectacle cinématographique.
En 1962, il est assistant-réalisateur et acteur dans Les Roses de la vie, court métrage de Paul Vecchiali. Il travaille en même temps au Service de la Recherche de la RTF où il espère faire ses premières armes de cinéaste. N'y parvenant pas, Jean Eustache démissionne fin 1963 et réalise, en 16 mm, son premier court métrage qui est remarqué et primé au Festival d'Évian 1964 sous le titre Les Mauvaises Fréquentations.
Couplé avec Le Père Noël a les yeux bleus - produit par Jean-Luc Godard et interprété par Jean-Pierre Léaud et Bernard Zimmermann - ce premier essai s'intitulera Du côté de Robinson lorsque les deux films seront présentés commercialement, début 1967, sous le titre général Les Mauvaises Fréquentations.
C'est La Maman et la Putain, son premier long métrage, qui le fera connaître. Ce film d'une durée de trois heures et demie fut présenté au Festival de Cannes 1973 où il obtint le Prix Spécial du Jury. Sa sélection, aux côtés de La Grande Bouffe (Marco Ferreri), pour représenter la France, avait déjà fait scandale ; son ton provocateur, ses dialogues crus et ses situations en apparence scabreuses divisèrent la critique et le public.
Avant même d'envisager la réalisation de La Maman et la Putain, Jean Eustache avait écrit le scénario de Mes petites amoureuses, qui fut tourné immédiatement après. Cette chronique quasi autobiographique de l'enfance du cinéaste à Narbonne - réalisée sans comédiens connus et sur un ton intimiste et détaché, en contraste total avec la violence, surtout verbale, de La Maman et la Putain - fut mal comprise d'une partie de la critique.
L'Institut National de l'Audiovisuel lui permit de signer quelques courts et moyens métrages dont Odette Robert, version réduite pour le petit écran de Numéro Zéro, film de 125 minutes projeté en salle pour la première fois en 2003.
À l'évidence, ce cinéaste des rapports difficiles autant que précaires entre hommes et femmes vit mal ce silence qui lui est imposé par une industrie méfiante à l'égard des marginaux. Au lendemain de sa mort, le 5 novembre 1981, le quotidien Libération écrit : "son suicide nous bouleverse mais ne nous étonne pas". Le personnage principal - à l'évidence Eustache lui-même - d'un des scénarios non tournés du cinéaste, Peine perdue (1979), ne disait-il pas déjà :
"J'ai souvent souhaité un nouveau réveil, pour renaître, tout ressentir à nouveau, les joies, les peines et tout et tout. Je crois aujourd'hui ce réveil trop grand ou trop dangereux pour l'homme que je suis. Cette porte vers la fidélité qui me visite dans mes rêves peut je crois n'être que celle de la mort." (Les Cahiers du Cinéma, n°330, décembre 1981).
(Source : Ciné-club de Caen)
+ Jean Eustache - Génétique et fabrique. Un ouvrage de Kentaro Sudoh, Classiques Garnier, 2022
+ L'Oiseau des vacances. Un document sonore inédit de Jean Eustache
+ Au travail avec Eustache (making of). Un ouvrage de Luc Béraud, Actes Sud, 2017
+ Jean Eustache. Un ouvrage d'Alain Philippon, Les Cahiers du cinéma, 2005