Raymond Depardon

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Raymond Depardon est photographe, réalisateur, journaliste et scénariste. Il naît le 6 juillet 1942 dans une famille de cultivateurs à Villefranche-sur-Saône. Il grandit, avec son frère aîné Jean, à la ferme du Garet tout près de la Saône. Avec Hubert Henrotte, Hugues Vassal et Léonard de Remy, vite rejoints par Gilles Caron, il crée l’agence Gamma en 1966, qu'il quitte en 1978 pour rejoindre la coopérative Magnum.

Il tourne en 1974 son premier long métrage documentaire sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing : 1974, une partie de campagne qui ne sort en salles qu'en 2002. En 1985, New York, N.Y. obtient le César du meilleur court métrage. Raymond Depardon épouse en 1987 Claudine Nougaret et tourne avec elle Urgences. Ils fonderont ensemble la société de production de films Palmeraie et Désert en 1992.

En 1990 La Captive du désert est présenté en Compétition officielle au Festival de Cannes. Délits flagrants, premier film sur les institutions judiciaires, obtient le César du meilleur documentaire et le prix Joris-Ivens en 1995. Profils paysans : L'Approche, premier chapitre d’une série de trois films consacrés au monde rural français, sort en salles en 2001. Le deuxième volet, Profils paysans : Le Quotidien est présenté en sélection officielle au festival de Berlin en 2005. Profils paysans : La Vie moderne obtient le Prix Louis Delluc en 2008.

En 2003 il obtient l’autorisation exceptionnelle de tourner les audiences du tribunal correctionnel de Paris : 10e Chambre - Instants d’audiences est présenté à Cannes en 2004.

Raymond Depardon a reçu en 1991 le Grand Prix national de la photographie.

"[...] Avant de devenir le grand documentariste que l'on sait, Raymond Depardon était photographe reporter. S'il n'a jamais abandonné l'image fixe, il suffit de voir ses films pour comprendre combien le silence de la photographie était insuffisant à exprimer la parole que s'échangent ses personnages. Dès lors le cinéma était tout désigné pour prendre le relais et combler cette absence.

S'il y a en effet quelque chose de récurrent chez Depardon, c'est la façon dont les êtres n'en finissent pas de négocier, jauger l'adversaire, décrypter l'autre ou tenter de le convaincre. Négocier, discuter, parlementer, c'est même le sujet principal de ses films. Ce ne sont pas seulement des personnages qui conversent dans un rapport d'égalité, délié et gratuit, ni même ce qu'on appelle en anglais le "small talk", cette langue de tous les jours qui relève de l'échange quotidien, désintéressé et superficiel. Au contraire, la langue filmée par Depardon est toujours pourvue d'une arrière-pensée, elle a souvent trait à un métier, une fonction. Et c'est pourquoi, sans doute, Depardon a filmé au cœur même des institutions (policiers, reporters, juges, médecins, etc.). Son film sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing (1974, une partie de campagne) est probablement un des premiers à enregistrer la fin de l'ère idéologique de la politique et l'entrée dans celle de la communication (Giscard y dit, en substance, qu'il faut aller à Monceau-les-Mines, parce que cela sonne juste, social).

Ce qui intéresse manifestement le cinéaste dans ce film, au-delà de la silhouette presque tatiesque du futur Président, c'est la façon dont le langage est utilisé pour convaincre les foules et détruire l'adversaire. Une langue du négoce social et humain, dont Depardon tire souvent des scènes extraordinaires de vérité : des photographes qui parlementent avec Richard Gere pour prendre une photo, la façon dont ils se mettent les flics dans la poche en évoquant le salaire de la star (Reporters) ; un policier horripilé par le zèle tatillon d'une infirmière refusant de lui livrer les résultats d'une analyse, qui fait presque du chantage en la mettant face à ses responsabilités ; le même qui, jouant un peu la comédie de sa fonction, annonce à une jeune femme accusant un homme de viol le risque qu'elle prend si elle se parjure (Faits divers) ; des paysans intraitables qui résistent aux manipulations affectives d'un acheteur qui fait mine de s'en aller pour les faire céder (Profils paysans) ; une prévenue qui ment (sans grand succès) à un avocat et à une psychologue pour éviter la prison (Délits flagrants, Muriel Leferle).

On pourrait ainsi multiplier les exemples de scènes où la parole prend une valeur stratégique. Sans jamais d'ailleurs que cela relève d'un quelconque cynisme ou d'un calcul froid et manipulateur. C'est souvent une langue chaude que filme Depardon (exception faite de Délits flagrants, dont la parole professionnelle a quelque chose de glaçant), une langue où l'affect n'est jamais très loin, même quand la fonction oblige à garder une distance avec le sujet [...]"

(Sources : Palmeraie et Désert / Jean-Sébastien Chauvin, La Cinémathèque)

+ Emission spéciale : Raymond Depardon sur RFI

+ Article de Sami Gnaba : "Raymond Depardon : questions humaines"

+ Collections photographiques de Raymond Depardon

+ Ecouter l'entretien avec Michel Ciment sur France Culture

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