Enrique Colina

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Enrique Colina, né en 1944, est un des principaux réalisateurs cubains de documentaires [...]. Il a enseigné à des générations d’étudiants en audiovisuel les mystères du cinéma, les tenants et les aboutissants du documentaire. Il s’adressait à eux dans un parfait français qu’il avait étudié à l’université et perfectionné à L’Alliance Française de La Havane.

Réalisateur d’une œuvre mordante, pleine d’humour jusqu’à la dérision, ses documentaires s’attachaient à montrer la réalité cubaine des années 80 et s’amusaient de tous ses travers. Il s’était lancé dans la réalisation cinématographique avec des reportages journalistiques et avait enchainé avec des documentaires et des courts métrages de fiction drôles et décapants.

Estética (1984), Vecinos (1985), Jau (1986), Más vale tarde…que nunca (1987) et Chapucerías (1988), El Unicornio (1989), El Rey de la selva (1991) furent primés à de nombreuses reprises. En 2003, il réalisa son unique long métrage de fiction, Entre ciclones, sélectionné à La Semaine de la Critique. Plus récemment grâce aux liens tissés avec les professionnels de l’audiovisuel de notre pays, en coproduction avec la France, il réalisait trois longs métrages documentaires, Los Bolos en Cuba (Les Russes à Cuba, 2011), La Vaca de mármol (La Vache de marbre, 2013) et Cuba: oferta especial, todo incluido (Cuba offre spéciale tout compris, 2016) diffusés sur nos chaînes mais qui malheureusement subirent la censure cubaine qu’il combattait.

Animateur de 24 x segundo, l’émission la plus populaire et durable de la télévision cubaine (32 ans d’existence) il a permis aux spectateurs cubains de se doter d’un esprit critique et d’outils d’analyse filmique qui en ont fait des cinéphiles érudits.[...] Critique reconnu depuis 1968, il était l’un des meilleurs connaisseurs de la filmographie nationale et internationale du XXe siècle. Engagé, il est intervenu ouvertement à plusieurs reprises pour revendiquer et défendre l’indépendance de l’ICAIC (Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos), la liberté de création, le cinéma indépendant, condamner la censure pratiquée au nom d’une présumée orthodoxie révolutionnaire et soutenir ceux de ses pairs qui en étaient victimes.[...]

Enseignant et intellectuel à la culture et aux savoirs multiples, son sens de la pédagogie et de la transmission a séduit et formé les étudiants de l’Ecole Internationale de San Antonio de los Baños à Cuba (EICTV), ceux de Toulouse mais aussi du Mexique, du Canada, du Maroc…. son indéniable vocation pédagogique a laissé de nombreuses traces chez ceux qui l’ont côtoyé.[...]

Colina est décédé à la Havane le 27 octobre à l’âge de 76 ans après avoir combattu un douloureux cancer, le cinéma cubain perd une de ses figures les plus prestigieuses et lucides, nous perdons un réalisateur et un penseur incisif et sans concession, un ami irremplaçable de grande qualité humaine.

(Source : Cinélatino

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