Emmanuel Carrère
- Écriture
- Réalisation
Né à Paris en 1950, Emmanuel Carrère fait ses études à l’Institut d'études politiques (Sciences Po) et effectue son service militaire en Indonésie. De retour en France, il amorce sa carrière comme critique de cinéma pour Positif et Télérama. En 1982, il écrit son premier livre, une monographie dédiée au cinéaste allemand Werner Herzog. Après un essai biographique remarqué sur Philip K. Dick (Je suis vivant et vous êtes morts, 1993) dans lequel il expérimente déjà ce qui deviendra par la suite son style, il oriente sa plume vers une recherche formelle cherchant à révéler la part de romanesque dans un matériau entièrement véridique, dont L’Adversaire est emblématique. Ce récit troublant consacré à l’Affaire Romand, adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, deviendra le premier grand succès de sa carrière.
Par la suite, Emmanuel Carrère navigue avec intérêt et aisance entre les media; en plus d’être journaliste et écrivain, il est scénariste et cinéaste. Auteur aux interrogations multiples, il pose la question du réel, des croyances ou de nos introspections. Son premier long métrage Retour à Kotelnitch (2003), sélectionné à La Mostra de Venise, mêle Histoire russe et histoire personnelle. En 2005, il adapte son propre roman, édité aux éditions P.O.L, La Moustache (présenté à la Quinzaine des réalisateurs), avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Tout au long d’une oeuvre aux formes plurielles, Emmanuel Carrère – récompensé par le prestigieux prix Renaudot pour Limonov en 2011 – a brillamment questionné l’opacité de la fiction et l’étrangeté du monde tangible. Son dernier livre Yoga est un constat intime et abrasif, non dénué d’humour, sur l’état du monde contemporain et des âmes tourmentées qui le peuplent. Basé sur le travail documentaire de la journaliste Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, son nouveau film homonyme avec Juliette Binoche dans le rôle principal, sortira en 2021.
Dans son essai Pourquoi j’aime le cinéma , Emmanuel Carrère explique: "Le documentaire brut sur les indénombrables facteurs réels, qui, plus ou moins heureusement domestiqués, ont concouru à la fiction (ou au documentaire, aussi bien) me fascine davantage, au fond, que cette fiction. (…) Tout ce qui a été filmé me fascine ; je ne trie qu’ensuite, et c’est pour moi une opération radicalement différente. On ne juge pas le réel, me semble-t-il.".[...]
(Source : Visions du Réel)