Hugo Santiago

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Hugo Santiago Muchnik est né à Buenos Aires le 12 décembre 1939, dans une famille juive de professionnels de la télévision. L’apprentissage de la musique éveille sa sensibilité artistique dès l’enfance. Étudiant à la faculté de philosophie et de lettres de l’université de Buenos Aires, il fait la connaissance de l’écrivain Jorge Luis Borges, qui enseigne la littérature anglo-saxonne ancienne. Grâce à une bourse, il se rend à Paris, où il devient l’assistant attitré de Robert Bresson pendant plusieurs années.

Avec la fréquentation assidue de la Cinémathèque française, il complète ainsi sa formation au septième art. Auprès de Bresson, il fait l’expérience d’une ascèse qui l’aide à épurer son expression, comme le montre son premier long-métrage, Invasion, tourné en Argentine, salué d’emblée comme un chef-d’œuvre.[...]

Puisque l’époque était effectivement troublée en Argentine, Hugo Santiago reste en France, où il parvient après moult péripéties et avec l’aide de Vincent et Louis Malle à tourner Les Autres, également fruit de sa collaboration avec Borges et Bioy Casares. Cette fois, la présentation au Festival de Cannes, en 1974, est une catastrophe. La longue séquence initiale, sous des airs d’opéra, sans paroles ni logique apparente, provoque les huées. Pour contrer ce jeu de massacre, de nombreux intellectuels se mobilisent pour défendre le film, à commencer par Gilles Deleuze. Les Autres détonnent dans le paysage du cinéma français. Les spectateurs peinent à comprendre ces envolées expérimentales. Dans Écoute voir (1979), l’auteur fait endosser à Catherine Deneuve les habits du privé, un travestissement plus accessible au public. Le réalisateur tire le meilleur parti de son écartèlement entre deux cultures dans Les Trottoirs de Saturne (1986), brillante variation sur les déchirements d’exilés argentins en France, qui auraient pu être les survivants d’Invasion. Les airs de tango lui donnent un air envoûtant, tantôt lancinant, tantôt séduisant.

Ensuite, Hugo Santiago met sa rigueur et sa méticulosité au service de ce qu’il appelle, par modestie ou ironie, des "objets audiovisuels", produits par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et par la chaîne Arte. Il alterne ainsi la captation de spectacles sur les planches, théâtre ou danse, avec notamment des mises en scène d’Antoine Vittez, comme Électre. Ses documentaires montrent son intérêt à la fois pour l’écrivain Maurice Blanchot (1997) et pour la chanteuse brésilienne Maria Bethania (2001), qu’il cerne de près. Il ne délaisse pas pour autant la fiction, avec Le Loup de la Côte Ouest (2002). Le Ciel du Centaure (2015), tourné à Buenos Aires, reste le dernier avatar de sa recherche labyrinthique, qui n’a cessé de se dérober et de le révéler tel qu’en lui-même.

(Source : Paulo A. Paranagua - Le Monde)

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