Francis Ponge ou la rage de l'expression

Ce film est un portrait du poète Francis Ponge. Dans un entretien entrecoupé de la lecture de ses poèmes, "Le lézard", "La porte", ... et d'interviews imaginaires, reconstituées, du poète dans sa jeunesse (notamment au moment de la Guerre d'Algérie), Francis Ponge se souvient du surréalisme, d'Héraclite et des matérialistes grecs qui ont marqué sa vie en profondeur ; il se souvient aussi de ses années au Parti Communiste, pendant lesquelles jamais il n'a mis sa poésie au service de la cause. Il dit son attachement à la Méditerranée, aux figuiers, aux pins parasols, à la fontaine de Nîmes. "Je n'ai pas envie d'écrire, de faire un monde vivable quand je vis dans un monde vivable." La poésie supplée chez Francis Ponge à une difficulté essentielle, originelle, devant la parole. C'est le langage, la matérialité du langage qu'a toujours recherché Francis Ponge dans la poésie. La sensibilité, l'intérêt profond de l'artiste pour son moyen d'expression, lui est aussi indispensable que sa sensibilité aux sentiments qu'il veut communiquer. Le nom fait partie intégrante de l'objet, de la chose, de la notion qu'on en a. Plus encore qu'un instrument de communication, l'écriture est une façon d'être, une existence. Les idées ne sont rien en comparaison du désir, de la nécessité vitale d'écrire. Les interviews reconstituées véhiculent une image romantique du poète porte-parole des masses en complète contradiction avec les propos et les obsessions de Francis Ponge, avec son assimilation de la poésie à une recherche du langage