Depuis le retour

Titre original : Dal ritorno
Titre anglais : From the Retun
Documentaire
    Réalisé par Giovanni Cioni • Écrit par Giovanni Cioni
    Belgique, Italie, France • 2015 • 92 minutes • Couleur
Résumé

Dernier survivant des Sonderkommandos (groupes de déportés constitués par les nazis dans les camps de la mort pour mener les autres victimes aux chambres à gaz puis disposer de leurs cadavres), Silvano Lippi n’a rien oublié, de son arrestation au port du Pirée au soir où, chez un ami, il a enfin parlé de sa déportation. Giovanni Cionni ne souhaite pas seulement enregistrer le témoignage du nonagénaire mais l’accompagner, à sa demande, dans son retour à Mauthausen.
Cadrant le visage – en particulier le regard – du vieil homme avec une qualité d’écoute que l’on retrouve dans la justesse du montage, le cinéaste fera apparaître dans des cartons adressés à Silvano la chronologie des moments où il s’est confié.
On voit ainsi que la parole s’y prend à plusieurs reprises, comme si après un trop long silence, la redite s’imposait, ou qu’il fallait reformuler l’informulable par cercles concentriques, fussent-ils inaptes à rendre l’abîme de solitude. Même la chance dont Lippi a plusieurs fois bénéficié a creusé cette solitude – accrue au retour par l’incrédulité de ses proches. Les inserts de films de vacances d’après-guerre où Silvano embrasse du regard la Méditerranée, offrent au récit un contrepoint troublant : de ce dont presque personne n’est revenu, Silvano, lui, n’a jamais fini de revenir.
(Charlotte Garson)

The last survivor of the Sonderkommandos (groups of deported prisoners organised by the Nazis in the death camps to take the other victims to the gas chambers and get rid of their corpses), Silvano Lippi has forgotten nothing, from his arrest in the port of Piraeus up to the evening at a friend’s house when he finally talked about his deportation. Giovanni Cionni not only wishes to record the testimony of this nonagenarian but also accompany him, at Lippi’s request, on a return visit to Mauthausen.
Framing the old man’s face - and especially his eyes - with a quality of attention to match the pertinence of the editing, the filmmaker uses intertitles addressed to Silvano to track the moments that the old man confided his memories.
It clearly takes several attempts for him to describe a given situation, as if after an overly long silence repetition was necessary or as if the unspeakable had to be reformulated in concentric circles, even if these cannot convey the abyss of solitude. Even Lippi’s strokes of luck have only gone to deepen this solitude - which his friends’ disbelief further accentuated. Intercuts taken from post-war holiday home movies in which Silvano’s gaze embraces the Mediterranean give the narrative a troubling counterpoint: from the place almost no one has returned, Silvano has never stopped returning.
(Charlotte Garson)

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