TRAVERSES • n° 2
Tous les numérosL'éco-documentaire à l'épreuve de l'Anthropocène - Partie 1
Contribuer à l’inscription du documentaire dans la perspective du cinéma, quelqu’en soit le vecteur de communication, est le projet de Traverses et de ses contributeurs. C’est à dire asseoir le statut de ce genre qui souffre des assimilations avec le travail de presse ou avec l'industrie télévisuelle de programmes trop encline à le considérer, audience oblige, comme une des modalités du divertissement. La démarche de la revue n’est donc pas sans intégrer une dimension militante au profit de ce genre cinématographique.
Réfléchir sur le regard impose une réflexion sur la forme. La revue s’engage dans cette perspective.
Nous espérons que ces écrits, dont certains sont de l’ordre de la recherche, contribueront à considérer le documentaire tel qu’il s’est construit et tel que nous l’espérons dans ses mises en œuvre : lire la réalité malgré l’apparence, assumer un rapport créatif au monde, induire du doute devant les faits, renverser les termes, en un mot introduire le poétique comme regard complexe sur le réel.
De la finitude de notre monde
L’Anthropocène, ce concept qui désigne l’ère géologique dans laquelle nous vivons, dont le nom fait encore débat parmi les scientifiques mais dont les symptômes paraissent jour après jour plus évidents, invite à repenser l’homme et la nature ensemble, dans leurs interactions et leurs entrechocs, pour prendre la mesure de l’incidence humaine sur le désordre environnemental planétaire qui se joue sous nos yeux.
Lire la suiteLe documentaire et la catastrophe environnementale : requiem pour un monde inhospitalier
François-Xavier Destors
Tout au long du siècle de l’Anthropocène, qui est aussi celui du cinéma, le documentaire s’est fait l’écho et l’alerte, le témoin et l’archive des rapports tortueux qu’entretiennent l’homme et l’environnement.
Lire la suiteL’éco-documentaire et l’histoire environnementale : rencontres et compromis possibles et souhaitables
Régis Briday
Prenant prétexte d’une recension critique du film documentaire Ozone Hole: How We Saved the Planet (2018), cet article répond à trois intentions : montrer que les choix narratifs des éco-documentaristes entrent fréquemment en conflit avec les méthodes des historiens ; déplorer l’usage très restreint des archives audiovisuelles dans le champ de l’histoire environnementale ; jeter des passerelles entre éco-documentaristes et historiens.
Lire la suiteDes documentaires sans documents ? L’éco-cinéma et le toxique
Karl Schoonover
Si, par définition, les déchets sont des matières que nous refusons de voir et que notre vue trouve abjectes, qu’en est-il des formes de déchets qui ne sont pas visibles ? Qu’en est-il des formes dangereuses que la photographie ne parvient pas à enregistrer ou que la vision humaine ne peut percevoir ?
Lire la suiteDe la fiction au documentaire : le sublime toxique comme esthétique de l’Anthropocène
Alfonso Pinto
Qu’y-a-t-il de commun entre une série polar et un documentaire environnemental ? La réponse pourrait être surprenante : c’est une question d’esthétique, une esthétique de l’Anthropocène, anticipée en quelque sorte dans une production de fiction et utilisée sciemment et massivement dans un documentaire environnemental.
Lire la suiteDes faits au spectacle : le documentaire et le changement climatique
Angi Buettner
Cet article traite de la contribution du documentaire consacré au changement climatique à la culture populaire. Il soutient qu'afin d'évaluer l'efficacité potentielle du documentaire dans la communication, le débat, voire l'activisme sur le changement climatique, les cultural studies et les médias doivent développer des questions de recherche et des méthodologies qui prennent en compte les genres, les logiques et les impératifs de la culture populaire.
Lire la suiteÉco-documentaires : cognition, émotion et narration
Ib Bondebjerg
Les éco-documentaires, comme tous les autres documentaires, font souvent usage d’une combinaison de stratégies visuelles, rhétoriques et narratives, et en tirent profit. Cette relation entre la raison et les sentiments joue un rôle capital dans les films documentaires et les éco-documentaires.
Lire la suiteLe documentaire, l’agro-alimentaire et les inquiétudes écologiques
Pat Brereton
Cet article analyse comment certains documentaires environnementaux populaires et reconnus adoptent un style direct, ainsi qu’une esthétique et un imaginaire créatifs pour transmettre un discours qui met en garde contre l’impact écologique de la production alimentaire, des déchets et de la (sur)consommation.
Lire la suiteÀ la recherche du bleu perdu : le paysage dans le documentaire de Jia Zhangke
Camilo Soares
Dans son dernier documentaire Swimming Out Till the Sea Turns Blue, le réalisateur chinois Jia Zhangke confirme une fois de plus la finesse de son écriture cinématographique en assemblant la vie et l’œuvre d’écrivains de différentes générations, l’histoire de la République populaire de Chine et l’expression du paysage.
Lire la suiteGuanzhou, une nouvelle ère, Entretien avec Boris Svartzman
François-Xavier Destors
En 2004, le village de Guanzhou, situé sur une île fluviale en périphérie de Canton, est réquisitionné pour faire place à un projet d’"île écologique internationale" finalement remplacé par un projet urbanistique de luxe. Durant plus de sept ans, le photographe franco-argentin Boris Svartzman a suivi ses habitants confrontés à l’expulsion et à la destruction de leurs pratiques et de leurs héritages traditionnels.
Lire la suiteCinéma de la vivance - Images à chercher, s’efforcer, à faire, à panser, à penser, toujours
Caroline Parietti & Cyprien Ponson
Au Sarawak, l’un des deux États malais de l’île de Bornéo, "ceux de l’amont des rivières" sont concernés in vivo par la déforestation.
Les Penan, chasseurs nomades, traversent le cœur du tourbillon : comment continuer à vivre quand tout s’effrite autour de soi, quand le paysage disparaît entraînant avec lui langue, pratiques, esprits ?