Patrice Chagnard
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Né à Grenoble, Patrice Chagnard arrive à Paris à 19 ans, où il décroche une licence de philosophie.
Tout en poursuivant ses études, il est journaliste (Le Dauphiné libéré, Témoignage Chrétien, Télé-ciné) et réalise son premier court métrage Napo qui obtient le Prix Unda au Festival de Monte Carlo en 1966.
Dans la mouvance de mai 68 il participe ensuite au mouvement hippie et décide de "faire la route". Ce long voyage à travers l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, est un choc. Il y puise tout ce qui va nourrir son travail de cinéaste.
À son retour en France, en 1976, il se passionne pour les mouvements d’émancipation des peuples du tiers monde et se rapproche des théologiens de la libération et de groupes chrétiens engagés. Dans cet esprit il réalise une trentaine de films documentaires pour Le jour du Seigneur (TF1), Aléas (France 3) puis Théma (Arte).
Patrice Chagnard se distingue notamment en filmant le combat de paysans opprimés dans le monde, avec les brésiliens de Quelque chose de l’arbre, du fleuve et du cri du peuple (1980 - Grand prix du Cinéma du réel (section internationale)) et Km 104 (1980), les africains de Le Lieu du combat et d'Images Maffa (1983) au Nord-Cameroun, ou les bangladeshis de La Souffrance des autres.
Il s'imprègne aussi de spiritualisme oriental entre 1983 et 1991, et en nourrit ses projets Zen, le souffle nu et Swamiji, un voyage intérieur (1983), puis crée en 1992 l'association des cinéastes documentaristes ADDOC, avec quelques cinéastes (Joelle Van Effenterre, Yves de Péretti, Jean-Louis Comolli, Denis Gheerbrant, Claire Simon) dont il va être le premier président. En quelques années l’ADDOC devient le lieu où se pense le renouveau du cinéma documentaire en France.
Sa rencontre avec Claudine Bories en 1995 marque une nouvelle étape dans son travail. Ils collaborent de plus en plus étroitement aux films l’un de l’autre puis décident de coréaliser.
En 1995, il réalise le long métrage Le Convoi (sélectionné à la Mostra de Venise, Prix spécial au Prix Europa, Prix Louis Marcorelles et Prix du Patrimoine au Festival du Réel), voyage de trois hommes partis livrer de la nourriture en Arménie pour l'association humanitaire Équilibre, puis en 2005 Dans un camion rouge, portrait de pompiers volontaires à Vizille dans l'Isère.
Avec Claudine Bories, il réalise les long métrages Et nos rêves (2007, inédit), Les Arrivants (2009 - Colombe d’Or à Leipzig, Best film Award à Varsovie, Grand prix du Festival Dokfest), Les Règles du jeu (2014 - Colombe d’Or à Leipzig et sélectionné dans de nombreux festivals) et plus récemment Nous le peuple (2019 – Sélectionné à La Rochelle, Lussas et Leipzig) et Vedette (2021 – Sélectionné au festival de Cannes 2021 dans la sélection ACID).
"Filmer pour nous c'est d'abord prendre parti. Et prendre parti, c'est toujours et encore choisir."
Cette phrase de Claudine Bories et Patrice Chagnard résume bien leur démarche de documentaristes. Souvent social, parfois intime, toujours engagé, leur cinéma est tourné vers l'Autre et destiné aux autres.
La particularité de leur démarche est d'avoir réussi le pari de la co-réalisation après avoir eu, chacun de son côté, deux parcours de création différents.
Catherine Bizern écrit à ce sujet dans le catalogue édité par la BPI à l'occasion de leur rétrospective au Centre Pompidou en novembre 2017 : "Leurs films communs construisent un espace filmique dans lequel il est possible d’explorer le territoire de l’autre sans jamais le réduire, un espace où la réalité prend forme de légende. L’intensité de leurs films Les Arrivants et Les Règles du jeu tient à cela : ils sont nés d’un désir commun et de la somme de deux désirs distincts. Car Bories et Chagnard ne se sont pas fondus en un, ils sont deux, deux cinéastes qui font des films ensemble. Et l’ensemble de leur œuvre raconte une histoire, celle d’une mémoire collective, celle des invisibles, des sans voix dont ils ne cessent d'être les témoins."
(Notice rédigée par Patrice Chagnard)