• N° ISAN :
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Résumé

Hako, trente ans, rencontre un homme qui lui révèle être son père en même temps qu’il enregistre l’instant en direct avec sa caméra. Dans une ambiguïté entretenue entre documentaire et fiction, Naomi Kawase saisit l’envers de ce qu’elle avait filmé douze ans avant dans Dans ses bras, qui partait à la recherche de son père.

Avec Ombre, une fiction qui a tous les atours d’un film tourné sur le vif dans la tradition du cinéma direct, la réalisatrice parvient pour la première fois à montrer le père à l’image. Le récit de ce film court et dense est d’une simplicité émouvante. Une jeune femme rencontre pour la première fois un homme qui lui dit être son père. Les images de la fille sont celles que l’homme filme. Caméra subjective du père. Ils se parlent, l’émotion est vive, les voix fragiles, le visage de la fille illuminé de sourires et assombri de larmes.
Mais le dispositif imaginé par Naomi Kawase réserve une surprise qui décale l’intensité de la scène. Aux images tournées par le père s’ajoutent soudainement des images tournées par une deuxième caméra. Caméra subjective de la réalisatrice. Le film se dédouble, le père entre dans le champ. Cette mise en abime agit paradoxalement. Plutôt que de relativiser la charge émotionnelle de la rencontre, elle lui confère une vérité plus abstraite, une façon d’authentification de la scène originelle du film.
Magistralement mise en scène en un jour de tournage et en totale improvisation (le jeu de l’actrice Hako est remarquable), Kage exprime à la manière d’un documentaire la vérité du désir de la réalisatrice, de son fantasme de rencontrer pour de vrai son père, fût-ce par le truchement d’une réelle mise en scène de celui-ci.

Kawase Naomi, whose work has consistently featured an absent father figure, meets "him" through the body of an actress. A critique on the personal film genre, as the staged situation reveals real emotions and subjectivity.

With Shadow, a fiction film with all the attributes of a story taken from real life and shot in cinema direct tradition, the filmmaker succeeds for the first time in showing her father on film. The narrative of this short film is intense and movingly simple. A young woman meets for the first time a man who tells her he is her father. The images of the girl are those that the man films. The subjective camera of the father. They speak, the emotions are raw, the voices frail, the girl’s face is lit up when she smiles and darkened when she sheds tears.
But the narrative approach invented by Naomi Kawase reserves a surprise which shifts the intensity of the scene. To the sequences shot by the father are suddenly added pictures shot by a second camera. The subjective camera of the filmmaker. The film divides into two, the father comes on camera. This film within the film has a paradoxical effect. Rather than putting the emotional impact of the meeting into perspective, it confers upon it a more abstract truth, a way of authenticating the original scene of the film.
Magnificently directed in one day of filming and in total improvisation (the performance of the actress Hako is remarkable), Kage expresses in the manner of a documentary the truth about the filmmaker’s desire, her fanasy of meeting her father in real life, even by means of a staging of the situation.

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