Alexandre Sokourov
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Dès l'âge de 19 ans, Alexandre Sokourov (Aleksandr Sokurov) travaille comme assistant de production pour une chaîne de télévision russe, puis comme producteur. En 1974, le jeune homme quitte sa ville natale de Podorvikha pour Moscou où il intègre la prestigieuse école de cinéma russe, la VGIK.
Bien qu'il en sorte diplômé en 1979, ses œuvres (principalement des documentaires et des courts métrages) sont décriés par les dirigeants de l'école, les considérant comme anti-soviétiques. Son premier long métrage, La Voix solitaire de l'homme, ne sort sur les écrans russes qu'en 1987 (alors qu'il date de 1978). Ce premier long lui offre toutefois l'occasion d'être pris sous la protection du plus grand des cinéastes russes de l'époque, Andrei Tarkovski, très admiratif du travail d'Alexandre Sokourov.
Grâce au soutien de Tarkovski, Alexandre Sokourov intègre le studio Lenfilm, le deuxième plus grand studio de Russie. Ses films restent néanmoins souvent censurés dans son pays natal, Alexandre Sokourov avouant faire les films dont il a envie, que le public et la critique le suivent ou pas.
Après la trilogie Le Deuxieme cercle (1990), La Pierre (1992) et Pages cachées (1993), Mère et fils (1997), lauréat de plusieurs prix, le place définitivement sur le devant de la scène internationale.
Sokourov a créé son propre style cinématographique. Esthète, perfectionniste et expérimentateur, Sokourov travaille la matière même de l'image, la distord (l'anamorphose dans Mère et fils), joue avec la lumière (filtres verts de Moloch et Taurus). Il évite toutefois le maniérisme avec un lyrisme de l'image qui emprunte aux arts plastiques des XVII , XVIII et XIXème siècle et rattache le cinéma, pour lui art mineur, à la peinture ou la littérature. L'expérience sensorielle de la nature est transfigurée par l'art.
Les thèmes de la mort, du temps, de la filiation et de la séparation et les motifs de silhouettes fragiles et maladives, des êtres solitaires accablés par la perte, la mort d'un proche, d'un amour sont prédominants dans son œuvre. Sokourov magnifie, la présence de l'esprit dans des environnements naturels souvent difficiles. C'est l'amour de "l'âme russe" qui n'est pas la glorification nationaliste d'un mode de vie, mais la célébration de ce que Sokourov appelle "le pays de l'inspiration et de l'embellissement". C'est la force du souvenir, de la douleur imprimée au destin malheureux d'un peuple, au parcours chaotique d'une pensée.
La forme évasive et libre de l'élégie laisse place parfois à des films plus amples avec des personnages confrontés à l'histoire - ou confrontés à l'horreur - le crime et la guerre.
(Source : Ciné-club de Caen)